J'ai reçu mes nouvelles coupures de presse hier!
Elles contiennent un mini-poster que je n'avais jamais vu et une interview. Je vous les fais partager:
Interview"...et trépignements. Tout aussi tranquillement, nous sommes retournées vers la loge. Kate enfila des bas noirs irisés, puis se glissa derrière le rideau de la douche d'où elle réapparut prête et somptueusement parée. La robe qu'elle avait dessinée elle-même lui allait à merveille. C'était une robe en mousseline noire rehaussée de strass vert sur laquelle flottait une cape de soie où brillaient du noir et du vert assortis. Ne restait plus qu'à franchir un long dédale de couloirs. Nous étions sur le plateau. La doublure-lumière avait rempli son contrat. Kate prit sa place. Un technicien envoyait déjà la bande du nouveau tube de la petite Anglaise. "Babooshka": "Lyrics".
Là encore, la chorégraphie, quoique belle jurait avec les paroles: une chorégraphie animale et féérique pour un dialogue du quotidien. Après la première prise, nous avons revu les rushes dans la cabine du réalisateur. La chanteuse perfectionniste n'en était pas satisfaite et exigea de recommencer.
Collaro, bon prince et charmant, concéda: "Elle vient de suffisamment loin, nous pouvons grignoter et sur le budget et sur notre temps." Vrai, il était charmant! Le charme français, quoi.
Kate, de nouveau, se recroquevilla dans sa cape qu'elle déploya comme un oiseau de nuit: "Lyrics". La prise était bonne, la chanteuse s'enfuit dans sa loge. Elle en ressortit de nouveau en gamine. Il était temps d'enclencehr le magnéto.
R & F: -Kate, pourquoi cette manie de te transformer en papillon?
KB: -Quand tu t'enfermes dans ton cocon, tu enfermes tout à l'intérieur de toi. Tu préserves les émotions, bonnes ou mauvaises, enracinées en toi. Pour faire sortir les bonnes, il faut se transformer. Les deux émotions sortent, les belles émotions évoluent et te changent en papillon. Pour moi, c'est la musique qui me métamorphose.
R & F: -Tu sembles vivre en dehors des modes?
KB: -Le punk,c'était un retour en arrière. Le revival du R'n'R et tout ça, ce sont des étiquettes. Idem pour la new wave. Les gens ont toujours besoin de mettre les autres dans des ghettos. Noirs et Blancs. Hommes et femmes. C'est très confortable, mais je préfère une position plus difficile. Les gens se servent de la musique pour avoir une attitude. La musique est composée de plein de choses différentes. La musique classique est aussi importante que le blues. Le blues est aussi important que le R'n'R.
R&F: -C'est pour t'affirmer dans ce non-conformisme aux modes que tu as donc choisi David Gilmour pour produire ton premier album? Qui est sorti en pleine période punk.
KB: -David Gilmour... mais David n'était pas producteur au sens littéral du mot. Il a surtout permis mon introduction dans la maison de disques et a decroché le contrat.
R&F: -Il est dit que tu joues du violon et d'autres instruments encore. Quelles sont tes racines musicales?
KB: -La folk music et le classique. Très traditionnelle, en fait! C'est ce que j'écoutais chez mes parents. Ce qu'il y avait à la maison. C'est venu naturellement. Ma mère est irlandaise, et elle avait l'habitude de danser.
R&F: -Que penses-tu de Nina Hagen et de Lene Lovich?
KB: -J'ai un peu entendu leurs trucs. J'aime bien. Ce sont des filles qui font des choses personnelles.
R&F: -Qu'est-ce que ça te fait d'être en tête des hit-parades? Le succès ne te monte pas la caboche? Ca ne t'empêche pas de travailler?
KN: -Je n'y pense pas tant que ça, au succès: j'ai une chose à faire qui m'importe. Le succès, ça ne veut pas dire grand-chose. C'est encore une étiquette.
R&F: -J'ai attendu un an pour obtenir un rendez-vous!
KB: -Je suis une perfectionniste. J'étudie tout, absolument, et j'aimerais qu'aucun détail ne m'échappe. Je fais une chose après l'autre. Quand j'estime qu'il le faut.
R&F: -Tu t'imposes une discipline?
KB: -Dans n'importe quel job, il faut une discipline. J'écris beaucoup. Et surtout la nuit. Parce que c'est calme.
R&F: -A quand une porchaine tournée en France?
KB: -Justement. Pas avant la fin de 81. Quand mon prochain album sera fini.
R&F: -Je te vois bien dans une comédie musicale. Ca te tenterait?
KN: -Même si j'en avais envie, il faut savoir se restreindre à une chose. La musique me demande énormément de travail, et c'est important pour moi de le faire correctement. (Nous terminons l'omelette au gruyère. Kate est végétarienne. Soudain, c'est elle qui me pose des questions.)
KB: -Dis, Pascale (évidemment, elle ne sait rien au sujet de Bonnie Parker), ne trouves-tu pas que depuis l'année dernière l'atmosphère en France, les gens se sont durcis?
R&F: -C'est différent en Angleterre?
KB: -Non. C'est pareil. (Pour redonner à ce papier le ton journalistique qu'il n'a jamais eu, je détourne la conversation.)
R&F: -Ce que je trouve curieux chez toi, c'est que tu as l'air complètement influencée par la période victorienne. Les Hauts de Hurlevent, le design coloré de ta dernière pochette...
KB: -Je ne suis pas branchée sur cette période particulière. Néanmoins, elle est intéressante. Je trouve les soeurs Brontë exceptionnelles car elles ont traité les problèmes romantiques d'une manière distrayante.
R&F: -On prétend que tu habites toujours chez tes parents avec une foule de petits hamsters. C'est vrai?
KB: -C'est encore faux. Je vis seule avec deux chats.
R&F: -Avec quels gens aimerais-tu travailler?
KB: -Avec toi, c'est sympa. Tu es une journaliste qui essaie de comprendre. Les autres n'ont aucune objectivité, ils sont tous pourris et n'ont rien à faire de la qualité.
A vrai dire, ce n'était pas vraiment la question, ni la réponse correspondante. Kate était restée à ses problèmes avec la presse. moi, avec la facilité que j'ai eu à franchir soixante ans d'espace-temps, j'avais déjà embrayé sur le thème: "Avec quels musiciens aimerais-tu travailler?"
Quand nous sortîmes du Télé Pub où nous nous étions restaurées, la nuit était tombée et la pluie giclait dru. Nous remontâmes dans la limousine et repartîmes vers les Champs-Elysées. Le seul problème de Kate était désormais de transbahuter ses jouets en peluche grandeur nature: ours, panthère, chimpanzée et autres animaux à faire blêmir Alice (au pays des merveilles) de jalousie. A l'entendre, le mini-bus de l'hôtel n'y suffirait pas. Kate, la petite fille mi-star, mi-femme allait repartir vers sa tour d'ivoire. Bye Bye, Babooshka. -
Pasacle Jugé.